Prix national. Dupuy-de-Lôme glorifie l’art du camouflage

Le Télégrammme le 3 juillet 2018

 

Le lycée Dupuy-de-Lôme, avec le Musée de la Marine et le collectif XYZ, a remporté, la semaine dernière, le prix national de l’audace artistique et culturelle remis à l’hôtel Matignon par le comédien Djamel Debouze et le Premier ministre Édouard Philippe. Un sacre remarquable pour un projet qui l’est autant et devrait connaître d’autres déclinaisons locales, en dépit de quelques couacs finaux.

Le lycée Dupuy-de-Lôme peut pavoiser. En remportant ce prix annuel institué sous la mandature Hollande, il repart avec un chèque de 7 500 €, des souvenirs plein la tête et la juste consécration du travail mené depuis des années par cet établissement en faveur de l’accès à la culture pour son public quotidien. Pourtant, il a fallu beaucoup de travail aux élèves pour mener à bien ce qui n’était qu’un embryon il n’y a pas si longtemps encore. Tout est parti d’un jour d’inauguration des Capucins, où la rencontre entre le Musée de la Marine, le lycée et les artistes du collectif XYZ se fait fortuitement autour du désormais célèbre « Razzle Dazzle », cette méthode de camouflage des navires alliés dans le port pendant le premier conflit mondial.

Avec la somme reçue, les récipiendaires, ici devant l'hôtel Matignon, vont organiser une Armistice Party au Château, les 10 et 11 novembre prochains, qui sera une fête gratuite pour tous. (Musée de la Marine) 

 

Tous les élèves, sans distinction

Le reste est une belle histoire où, au final, presque 300 élèves issus de toutes les sections du lycée, du bac pro au bac général, des classes Ulis aux CAP, ont mis la main à la pâte. « Elle a permis de faire travailler ensemble des jeunes aux parcours de vie différents : jeunes en situation de handicap, élèves allophones, élèves en lycée pro ou général, fille ou garçon », explique un long communiqué de la direction de l’établissement qui a choisi ce mode de communication pour divulguer sa réussite.

 

La patte du collectif XYZ

Le Musée de la Marine va plus au fond de l’explication.« Nous avons rencontré une super équipe enseignante qui, avec les artistes, a joué le jeu à fond », détaille Lénaig L’Aot-Lombart, chargée de médiation culturelle. « Un jour, la Drac m’a avertie de ce projet tripartite qui nécessite un acteur culturel, un artiste ou un collectif et un établissement scolaire. C’était un beau projet qui avait déjà des racines et permettait en plus en élèves de travailler sur la première guerre ». Çà et là, la ville a découvert ce fameux « Razzle Dazzle » porté au pinacle par les plasticiens Jean-Baptiste Moal et Guillaume Duval, du collectif XYZ. « Nous sommes intervenus dans les classes, nous avons travaillé dur pour que le projet soit commun », fait valoir Guillaume Duval, qui ne s’étendra pas davantage. À l’heure du pot et de la réception, seul un des deux artistes a eu le droit aux honneurs de Matignon, et ce n’est pas lui. « Il y avait une liste de dix avec des noms obligatoires, institutionnels », se désole le musée, en rappelant que certains ne sont pas venus.

 

Un couac, des réussites

Mais fi de ce couac et d’une communication officielle sujette à l’embargo de Matignon pendant des semaines. À l’heure de la récompense, remise à un jeune Malien arrivé en France en septembre, il a bien fallu dire ce que les récipiendaires feraient de leur chèque. « Nous allons organiser une Armistice Party au Château, les 10 et 11 novembre prochains, qui sera une fête gratuite pour tous les Brestois, où il y aura de l’art, du mapping et des sets de musiques électro », se frotte déjà les mains Lénaïg L’Aot-Lombart. Avec, en prime, la possibilité de voir l’expo « Razzle Dazzle, l’art contre-attaque », en place jusqu’à la Saint-Sylvestre.