Ouest-France le 20 avril 2018
 

Stéphane Legueut était « décrocheur ». Le lycée lui a permis de reprendre confiance et de retrouver le goût des études. Aujourd'hui, il fait participer les élèves à son embellissement.



 

Portrait

Sur le mur du bâtiment H de Dupuy-de-Lôme, une fresque design se dessine pour les 50 ans de l'établissement: « 1968-2018 ». Elle est peinte avec application par les élèves en CAP peinture de Stéphane Legueut. Des jeunes d'origine variée : 3e prépa pro, migrants, handicapés (Ulis). « C'est super ! On est content d'y participer », précise une élève.  

« Certains viennent en CAP peinture un peu par défaut. De mon côté, j'ai envie de sauver tout le monde. Que tous réussissent ! Et certains sont devenus des chefs d'entreprise, des conducteurs de travaux... » explique Stéphane Legueut.

Il n'est pas un professeur tout à fait comme les autres. C'est un ancien du lycée ! « J'y ai été élève durant cinq ans. Ça m'a sauvé ! »

 

« J'ai repris confiance »

Il intègre le lycée professionnel en 4e CPPN, qui accueillait des élèves en échec scolaire. C'était en 1984. Il était « décrocheur », reconnaît-il. « J'avais redoublé deux fois. On m'avait changé d'école. Au collège, à Saint-Jo, ça ne s'était pas arrangé... Il n'y a qu'ici qu'on me prenait ! »

« Dupuy », à l'époque, n'avait pas une très bonne réputation. Mais tout se passe bien. « Le lycée m'a remis sur des rails. »

Il passe son CAP et son BEP peinture, puis une mention complémentaire en peinture de lettres. « Ça m'a plu. J'ai toujours aimé la peinture et les travaux manuels. » Il découvre des enseignants motivants. « Je suis toujours en contact avec mon prof d'atelier qui a 80 ans ! »

Il poursuit par un apprentissage à Plérin, obtient un brevet professionnel et un bac pro vente. Il aurait pu aller plus loin mais « le BTS n'existait pas alors ». Lui veut devenir enseignant.

Il a 22 ans. Il commence à enseigner un an plus tard. Maître auxiliaire durant six ans, il est titularisé après un concours interne difficile, en 1995. Après des postes à Laon, Questembert, Trégunc... Il atterrit à Dupuy-de-Lôme. Et vingt ans plus tard, il y est toujours !

Ses colonnes de Buren

Un lycée qui change, devenant polyvalent. « Depuis une dizaine d'années, Dupuy s'est ouvert aux formations sanitaires et sociales, accueillant davantage de filles. » Une mixité qui a fait du bien. Mais pas seulement... « Le lycée accueille aussi des formations d'enseignement supérieur comme la prépa concours aux écoles d'infirmiers. » Les adultes ont aussi un effet apaisant.

L'établissement fait rentrer l'art et la culture dans son enceinte. Et Stéphane Legueut, avec sa collègue d'arts appliqués, Lucie Marcillat, y participe activement. Quand ses élèves étudient un artiste, ils réalisent aussi une oeuvre adaptée sur l'un des murs de l'établissement. Ouvrages qui agrémentent un préau ou un couloir. Dupuy a ainsi ses colonnes de Buren !

Stéphane Legueut apporte sa touche artistique et humaine à Dupuy qui reprend des couleurs, change de look, et d'image... Sa façon à lui de remercier Dupuy.

 

Concert de Blutch, expo, hip-hop, le lycée fête ses 50 ans, samedi 21, à partir de 15 h. Entrée libre.